Patrimoine

♦  ÉGLISE SAINT-HILAIRE XIIème siècle  ♦

Le chœur de cette modeste église à nef unique remonte au XIIème siècle. Le bâtiment accueillait probablement autrefois la chapelle des seigneurs du Vieux Bellefonds. Une statue de saint Antoine accompagné d’un petit cochon est conservé dans l’église. Saint Antoine est le héros d’une légende locale selon laquelle, renonçant au vin de Saint-Binifer, Antoine a fait jaillir l’eau sur le coteau. Un vitrail est consacré à saint Hilaire, patron de l’église, laquelle abriterait un calice offert par Napoléon III. En 1845, le ministère de la Justice et des Cultes mène dans toutes les communes de la Vienne une enquête sur les églises. Certaines d’entre elles sont alors considérées comme trop exiguës en certaines circonstances. Ainsi, lorsque la Vienne et l’Ozon sont en crue, l’église de Bellefonds doit accueillir les habitants de Bonnes, de Bonneuil-Matours et d’Archigny qui ne peuvent franchir ces cours d’eau pour atteindre leur église paroissiale. Si un décès survient alors parmi eux, la sépulture est toujours pratiquée à Bellefonds.

Description de l’église de Bellefonds

Notre église possède un calice et une patène fabriqués par l’atelier d’orfévre parisien Trioullet et Fils, vers 1863. Sur le calice, est inscrit la mention “Donné par S.M. l’empereur Napoléon III à l’église de Bellefonds”.

Nous n’avons aucune information sur le pourquoi et le comment de ce don.

PIERRE D’ATTENTE DES MORTS

Notre église, dédiée à Saint Hilaire comme le rappelle le vitrail derrière l’autel, a une longue histoire de plus de dix siècles, tout au moins pour le chœur roman et une partie du mur sud. Cette partie de l’église primitive, construite tout près d’une source abondante, pourrait avoir succédé à un culte païen des eaux comme il en existe d’autres exemples en France. Modifiée au début du XIX ème siècle par la fermeture du portail principal à l’ouest – fait rarissime – l’église possède un accès latéral dans le mur sud, celui que nous connaissons aujourd’hui, débouchant sur une petite place où se situait l’ancien cimetière.

Qui n’a pas remarqué, le long de ce mur sud, une pierre pouvant faire penser à un banc, où certains se souviennent d’avoir dans leur enfance joué à « chat perché » les jours de catéchisme ou en attendant la messe… En réalité, cette pierre vaguement trapézoïdale, assez mal dégrossie, est une « pierre d’attente des morts » comme il en existait devant la plupart des églises, notamment en Poitou, Touraine, Anjou, Bretagne, Berry, Orléanais… mais où elles ont très souvent disparu et sombré dans l’oubli.

Selon le rituel des funérailles remontant au Moyen Age, le cercueil du défunt ne peut pénétrer dans l’église avant d’être accueilli par le prêtre qui procède à sa bénédiction par aspersion d’eau bénite et prononce les prières accompagnant le défunt vers la cérémonie. Pour respecter ce temps d’arrêt obligé entre l’espace public et l’espace sacré, le cercueil venant de la maison mortuaire, porté à l’épaule, à bras, ou fixé sur une charrette, était déposé sur la pierre prévue à cet effet, mais jamais à terre. L’usage de ces « pierres d’attente » s’est perpétué jusqu’au XIX ème siècle, le prêtre procédant alors à la bénédiction du cercueil près du corbillard, lorsque la commune en était équipée, ou sur un brancard de bois.

La pierre d’attente des morts de Bellefonds, en calcaire, présente plusieurs particularités originales :

  • sa face supérieure est assez bien aplanie avec une légère arête axiale, et son contour très irrégulier en trapèze, sa forme très allongée, indiquent qu’il pourrait s’agir – sous réserve d’étude plus poussée – d’un ancien mégalithe réemployé tel quel, la partie la plus étroite et plus épaisse pouvant être le pied en terre du menhir (1). Plusieurs exemples de ce type ont été répertoriés en France (2).
  • la partie supérieure de la pierre présente quatre cavités (des cupules) de la taille d’un bol, dont trois sont alignées sur l’axe, la quatrième près du bord nord. Ces cupules ont déjà été observées sur d’autres pierres semblables, liées à un rite non chrétien qui consistait à gratter l’intérieur de la cavité, la poussière mélangée à l’eau et ingurgitée étant sensée guérir certains maux ou favoriser la fécondité. La cupule près du bord Est de la pierre, élargie en carré, pourrait être la cavité réaménagée pour recevoir l’eau bénite (1).
  • autre originalité, cet anneau de fer scellé sur le côté de la pierre, exemple non rencontré ailleurs, ne pourrait s’expliquer que par l’attache du cheval tirant la charrette ayant amené le cercueil, hypothèse plausible qui reste à confirmer.

En conclusion, et dans l’attente de plus amples investigations, cette « pierre d’attente des morts », l’un des derniers exemples, fait assurément partie du patrimoine archéologique de la commune à préserver.

Bellefonds, 8 mars 2021

Pierre Dubois

(1) Selon J M Couderc de la Société Archéologique de Touraine 2021

(2) D’après l’inventaire des pierres d’attente des morts en France par Marcel Baudouin 1915

♦  LE VIEUX LOGIS fin du XIVème et XVème siècle  ♦
Le château de Bellefonds a disparu. Néanmoins, le bourg a conservé quelques demeures, dont le vaste logis du Vieux-Bellefonds. Une tour, édifiée vers la fin du XIVème siècle, a conservé une porte surmontée d’un écusson aux armes des Bois-Morand. Autrefois, le logis était relié à celui de Varennes, à Bonneuil-Matours, par une majestueuse allée bordée de part et d’autre de trois rangées de noyers. Les bâtiments ont été transformés en ferme.

♦   LE PONT 1904   ♦

” Ce pont a été construit
en l’année 1904
sous l’administration de Mr JOLLIET
Préfet de la Vienne
et Mr Désiré BRISSONNET
Maire de Bellefonds
Membre du Conseil Général de la Vienne
de Mr Jean DESMAZEAUX
Maire de la Chapelle Moulières
sous les ordres du Service vicinal
Entrepreneurs
Mrs MATHIEU et TARTARIN
à Chauvigny
Les matériaux proviennent des carrières de Chauvigny
exploitées par la maison CIVET POMMIER et Cie
donateurs de cette pierre commémorative
destinée à conserver le souvenir de ce monument. “

♦  LE MONUMENT AUX MORTS  ♦

Création d’un monument commémoratif aux enfants de la Commune de Bellefonds, morts pour la France.
« Délibération du Conseil Municipal de Bellefonds en date du 13 mars 1921″« Etaient présents : Ms. Henri BARRAUD DUCHERON, Maurice POPIN, François SIMON, Amédée BAUDEAU, Louis BAUDEAU, Jean LARGEAULT. Monsieur le Président dépose sur le bureau les plans – devis et contrat du monument. Il expose au Conseil que dans le but de perpétuer la mémoire des enfants de la commune qui sont morts pour la France, il conviendrait d’élever sur la place publique un monument commémoratif digne de leur gloire.Il expose qu’une souscription faite dans la commune a déjà produit une somme de 2 000 francs.Monsieur le Maire fait ressortir qu’un crédit de 2 000 francs a été inscrit à l’article 109 du budget primitif de l’année 1921 pour parfaire la dépense.Ces deux sommes réunies formeront le total de 4 000 francs, montant du devis estimatif fait par Monsieur BORDEAUX, entrepreneur de monuments funèbres rue des Trois Pigeons à Châtellerault.Il a été décidé que conformément à l’article 28 de la loi du 9 octobre 1905, il ne sera apposé sur le monument commémoratif aucun attribut religieux.Le Conseil, après en avoir délibéré, accepte, à l’unanimité, l’érection de ce monument

LA CROIX DE MISSION

Partant du bourg direction Archigny, sur la gauche au croisement du chemin de la Caborgne à la Maraîche, cette croix qui porte l’inscription « Mission 1952 » doit rappeler quelques souvenirs à ceux qui parviendront à se reconnaître sur cette reproduction d’une photo d’archives familiales.

Cette croix fut dressée à l’issue d’une « mission paroissiale » qui s’était déroulée à Bellefonds du 14 au 25 décembre 1952.[1] Organisées dans les paroisses de campagne jusque dans les années 1960, ces missions consistaient en une sorte de retraite spirituelle pendant plusieurs jours, ponctuées de diverses cérémonies religieuses sous la conduite d’un ou plusieurs prédicateurs extérieurs et du curé desservant la paroisse. Elles se terminaient par une grande célébration et, en général, par l’inauguration d’une croix en mémoire de la mission, ce fut le cas à Bellefonds.

En ce mois de décembre 1952, le Père Paul GABARD, desservant les paroisses de La Chapelle Moulière et Bellefonds, était accompagné du R.P. CANTIN, prédicateur Rédemptoriste. Une mission identique s’était au préalable déroulée à La Chapelle Moulière du 7 au 14 décembre de cette même année. Certains se souviennent sans doute que lors de cette mission le Père GABARD avait été victime d’un malaise à Bellefonds, soulevant beaucoup d’émoi à l’époque où nous n’avions pas la rapidité des moyens de secours d’aujourd’hui. L’année suivante, en 1953, le Père GABARD fut nommé aumônier du collège St Martin de Couhé, mais sa santé ne semblant pas s’être améliorée, il s’est éteint à Chauray le 22 février 1954 à l’âge de 40 ans.[1]

[1]    Source : archives de l’Archevêché de Poitiers, « la Semaine Religieuse » année 1952